Bryan Masson : « Ma proposition de loi relève du bons sens »
Pourquoi porter ce sujet maintenant ?
Tout d’abord car c’est évidemment un sujet d’actualité, qui plus est brûlant. Le pays a été mis à feu et à sang pendant plusieurs jours durant l’été par des délinquants animés par la volonté de piller, dégrader et agresser.
C’est aussi pour répondre plus largement aux défaillances qui existent et s’amplifient avec le temps, en matière de lutte contre la délinquance et de fermeté des peines. Le dernier rapport statistique du ministère de l’Intérieur sur la délinquance en 2022 est éloquent, tous les voyants sont au rouge. Les vols avec violence, les coups et blessures volontaires, les agressions sexuelles… tout explose, c’est très préoccupant. Sans parler du sujet du laxisme judiciaire qui règne en maître dans notre pays et qui depuis des années fait ressentir un sentiment d’impunité aux délinquants. Cette politique laxiste largement partagée par Éric Dupond-Moretti constitue l’hormone de croissance de la délinquance. Avec Marine Le Pen et Jordan Bardella nous sommes clairs : les Français n’ont pas à payer pour les casseurs.
Vous avez peu de chances de faire passer cette proposition de loi. Comment comptez-vous vous y prendre ?
Je compte évidemment sur les voix de la droite avec laquelle sur ces sujets précis nous avons des points de convergences pour ne pas dire des points communs. J’espérais de la majorité un peu de bon sens compte tenu des déclarations claires qui ont été faites par les membres du gouvernement sur la responsabilité civile et pénale des parents. Or l’on se rend compte qu’entre les éléments de langage des ministres et la suite législative de leurs propos, il existe un gouffre. Une discordance qui en dit long sur leur incohérence et l’inconsistance de leurs positions médiatiques. Ils tentent de séduire la droite sur les plateaux et s’acoquinent avec la Nupes dans l’hémicycle. C’est le niveau zéro de la politique.
Toujours est-il que la majorité et la gauche ne voteront pas votre texte… Pourquoi s’entêter ?
La majorité veut clairement éviter ce débat qui la mettrait dans l’embarras compte tenu des déclarations du président de la République sur la responsabilisation des parents. Ils vont de toute évidence déposer des amendements de suppression, sur la même ligne que la Nupes. Il existe une porosité évidente entre les macronistes et la gauche. Ils ne s’en cachent même plus puisqu’ils enverront au front la députée Carole Abadie qui incarne l’aile gauche du parti. C’est elle d’ailleurs qui, avec une députée communiste est à l’origine d’un rapport visant à interdire d’incarcérer quelqu’un dans une prison quand le taux de 100 % d’occupation est atteint. Elle préconise de ne pas incarcérer les délinquants condamnés à une peine allant jusqu’à deux ans d’emprisonnement. C’est parfaitement irresponsable à l’heure ou la délinquance pourrit le quotidien des Français.
Emmanuel Macron plaidait après les émeutes à une « politique de sanction » quand des parents « sont vraiment dans l’irresponsabilité », mais sans « supprimer les allocations familiales ». Vous faites l’analyse inverse ?
Il a d’abord déclaré qu’ « il faudrait qu’à la première infraction, on arrive à sanctionner financièrement et facilement les familles » avant de faire machine à arrière quelques semaines plus tard. Ce que je propose n’a rien d’ubuesque ; ça relève du bon sens en réalité. Je veux que les parents comprennent qu’on ne peut pas laisser son enfant de 12 ou 13 ans sortir dans la rue le soir pour y commettre des exactions. Cela passe naturellement par des sanctions financières, les allocations familiales constituent une aide de l’État qui à vocation à faciliter l’éducation des enfants mais elle doit être conditionnée à un certain nombre d’obligations parentales. Pour sa sécurité, la place d’un mineur un soir d’émeutes est à la maison, pas dans la rue. Pour ces raisons, ma proposition de loi prévoit de donner au préfet la possibilité de suspendre les allocations familiales aux parents qui auraient été négligents.
De Nice à Vallauris en passant par Menton, Gérald Darmanin est sur tous les fronts dans votre département ces derniers temps. Quel bilan tirez-vous ?
Je n’y vois rien de plus qu’une campagne de communication ratée. Il parade dans le département des Alpes-Maritimes sur les cendres de l’autorité de l’État. À l’heure ou le département croule sous le poids de l’immigration clandestine, de la délinquance débridée et d’une police démunie, Gérald Darmanin est attendu dans l’hémicycle pour répondre sur le fond à tous ces fléaux.
Comment accueillez-vous l’arrivée d’Hugues Moutouh, préfet qui détonne, dans votre département ?
J’accueille cette nomination très positivement. Je sais qu’il partage un certain nombre de valeurs qui sont les miennes. En matière d’immigration et de lutte contre la délinquance, il semble déterminer à agir. Concernant les émeutes de juillet dernier, il a employé la formule « deux claques et au lit ». en parlant des mineurs-casseurs. Ma proposition loi va aussi dans le sens d’un rétablissement de l’autorité. Je reste néanmoins conscient qu’il représente le pouvoir exécutif central, souvent plus prompt au verbe qu’à l’action. Je lui souhaite de ne pas connaître l’entrave d’un gouvernement laxiste sur les sujets régaliens qui concernent notre département.